En guise de préambule et autres généralités

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À PROPOS D'ACOUSMATIQUE

Ce site fait référence à la musique acousmatique (dans sa partie «Créations sonores»). Un terme qui peut demander à être clarifié, ce qui est l'objet des lignes qui suivent.

* «La révolution de l'enregistrement du son a provoqué une coupure entre la source sonore et la perception du son : l'image-de-son. L'image-de-son est liée avec sa forme enregistrée et non avec sa causalité.» (EARS)

Quant à Pythagore, on sait que ce philosophe, mathématicien et musicien n'a laissé aucun écrit. On rapporte qu'il imagina un dispositif original d'écoute attentive, en se plaçant derrière un rideau pour enseigner à ses disciples, dans le noir, et dans le silence le plus rigoureux. Acousmatique (du grec akousma, perception auditive) est le mot qu'il emploie pour désigner cette situation, ainsi que les disciples eux-mêmes, qui développaient ainsi leur technique de concentration.

Dans son Traité des objets musicaux, publié en 1966, Pierre Schaeffer reprend le terme d'acousmatique et le rattache à l'écoute réduite : « Le magnétophone a la vertu de la tenture de Pythagore : s'il crée de nouveaux phénomènes à observer, il crée surtout de nouvelles conditions d'observation. »

En 1974, pour nous débarrasser de l'encombrante et disgracieuse « électroacoustique » - inadaptée, de surcroît, à désigner le travail de studio depuis qu'il existe des instruments électroacoustiques de scène (ondes Martenot, guitare électrique, synthétiseurs, processeurs audionumériques en temps réel...) -, nous avons voulu désigner d'un terme approprié une musique qui se tourne, se développe en studio et se projette en salle, comme le cinéma.

Résumons, en nous référant à Michel Chion, les effets de la situation acousmatique :

- Suppression des supports donnés par la vue pour identifier les sources sonores.

« Nous découvrons que beaucoup de ce que nous croyions entendre n'était en réalité que vu, et expliqué, par le contexte. »

- Dissociation de la vue et de l'ouïe, favorisant l'écoute des formes sonores pour elles-mêmes (donc de l'objet sonore). En effet, si la curiosité des causes subsiste dans l'écoute acousmatique (et peut même être attisée par la situation), la répétitionpossible du signal enregistré peut « épuiser » cette curiosité et imposer peu à peu l'« objet sonore comme une perception digne d'être écoutée pour elle-même » et dont elle nous révèle la richesse.

- Mise en évidence, par l'écoute répétée d'un même fragment sonore enregistré, des variations de l'écoute. Ces variations ne sont pas le fait d'un « flou » dans la perception, mais d'« éclairages particuliers, de directions chaque fois précises et révélant chaque fois un nouvel aspect de l'objet, vers lequel notre attention est délibérément ou inconsciemment engagée ».

(© Encyclopædia Universalis 2004, tous droits réservés)

*Voir également l'article «Musique acousmatique» dans Wikipedia.

(http://fr.wikipedia.org/wiki/Musique_acousmatique)

«Nous avons tous aimé et goûté les harmonies des grands maîtres. Beethoven et Wagner ont délicieusement secoué notre cœur durant bien des années. Nous en sommes rassasiés. C'EST POURQUOI NOUS PRENONS INFINIMENT PLUS DE PLAISIR À COMBINER IDÉALEMENT DES BRUITS DE TRAMWAYS, D'AUTOS, DE VOITURES ET DE FOULES CRIARDES QU'À ÉCOUTER ENCORE, PAR EXEMPLE, L'«HÉROÏQUE» OU LA «PASTORALE».

( Luigi ROSSOLO, L'Art des bruits : Manifeste futuriste, 1913)

«Tout son est, aujourd’hui, en permanence, susceptible d’entrer dans le domaine de la musique.»

Le nouvel orchestre, c’est l’univers acoustique !

Ses musiciens, tout ce qui peut émettre un son !»

(R. Murray SCHAFER, Le paysage sonore , p. 18)